Arts&MétiersMag - N°433 - Février 2022 - 26

EXPERTISE ASSURANCES
QUAND LES PRIMES
S'ENVOLENT
Crise sanitaire, crise climatique, sinistralité agroalimentaire : les tarifs d'assurance
vont encore augmenter, quand les garanties ne seront pas purement et simplement refusées
dans certains secteurs d'activité. Daniel Azarian (Ai. 199) détaille ligne à ligne
ce qui attend les entreprises.
E
n février 2021, il y a tout juste un an, un nouveau
cycle commençait pour les assureurs et les assurés,
précipité par la crise de la Covid-19 (1)
. Il était notamment
marqué par une hausse des tarifs et des
conditions de souscription drastiques. À propos
de l'état du marché et les perspectives 2022, l'Association
pour le management des risques et des assurances de l'entreprise
(Amrae) (2)
confirme le durcissement du marché dans
un rapport inquiétant, intitulé «Focus sur ce qui attend les
entreprises en 2022 et au-delà». Malgré une accalmie au
printemps, les catastrophes naturelles qui ont notamment
affecté l'Europe, sans parler des tornades américaines, ont
aggravé la situation. Et ce n'est pas faute d'avoir alerté
puisque, multipliant les études scientifiques, les réassureurs
tirent la sonnette d'alarme à propos du climat, et donc des
catastrophes naturelles, depuis une vingtaine d'années. Ce
sont eux qui assurent les assureurs et paient les plus grosses
factures. Les réassureurs, dont les résultats sont creusés par
ces événements, puis les assureurs ont répercuté le déficit
sur leurs tarifs. Au-delà de ces événements qui se multiplient,
une tendance se confirme chez les assureurs et réassureurs.
Ces derniers ont joué sur plusieurs leviers pour conserver
leur équilibre financier (3)
: baisse de leurs capacités, relèvement
des franchises, exclusions, documents contractuels
moins individualisés, etc. Cela ne fait que commencer.
Les assureurs séparent les types de risque et les évaluent
séparément. Voyons les tendances auxquelles les entreprises
doivent s'attendre, type de risque par type de risque.
DES HAUSSES DE 200 % À PRÉVOIR
La catégorie des dommages et pertes d'exploitation a été
- fortement - affectée par les catastrophes naturelles et
d'importantes baisses des montants totaux de capitaux assurés
sont prévues, de 20 % à 30 % selon l'Amrae. Certains
font déjà entendre qu'ils pourraient se séparer de branches
entières d'activité. Les assureurs qui garderont ces branches
appliqueront des hausses tarifaires que l'Amrae anticipe
entre 10 % et 50 %, voire au-delà pour les dossiers à risques
ou sinistrés. Ces corrections tarifaires ne sont pas
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N°433 / février 2022
DANIEL AZARIAN
(Ai. 199) est associé
chez Assurances
Fiore Azarian et
agent exclusif MMA
basé dans la région
d'Aix-en-Provence.
temporaires, comme en atteste un récent test de résistance
mené par l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution
vis-à-vis de l'exposition aux risques liés à la crise climatique.
D'ici à 2050, des hausses de primes jusqu'à 200 % sont à
prévoir - voire davantage selon le réassureur Swiss Re.
Comme les tarifs, les niveaux de franchise risquent d'être
relevés sur cette typologie de risque. Quant aux contrats
perte d'exploitation sans dommage, ils ont presque tous
disparu depuis la crise sanitaire.
Dans un marché déjà tendu, la tendance en responsabilité
civile est à la baisse des capacités et à la hausse des tarifs.
En juillet 2021,
des inondations
meurtrières ont
endeuillé l'Allemagne
et la Belgique.
Après des pluies
torrentielles, la rivière
Erft notamment a noyé
la cité médiévale
allemande de
Bad Münstereifel,
en Rhénanie-du-NordWestphalie.
Les
réassureurs
sonnent l'alarme de
la crise climatique
depuis une vingtaine
d'années.
PHOTO L. LENEPVEU / MMA
PHOTO ADOBESTOCK
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