Arts&MétiersMag - N°433 - Février 2022 - 34

DOSSIER REPRISE D'ENTREPRISE
prCent
D
emiers jours
essentiels
Avec l'aide de Pascal Ferron, vice-président de
Walter France, et de Stéphane Meunier,
conseiller pour la reprise et la transmission à
la CCI de Paris Île-de-France, AMMag a préparé
huit conseils à suivre lors des cent premiers
jours qui suivent la reprise.
es deux côtés, chez le cédant comme chez le repreneur,
le premier jour provoque une marée d'émotions.
Quittant son costume de cadre dirigeant pour endosser
celui de chef d'entreprise, le second découvre les exigences
de sa nouvelle posture. C'est une révolution culturelle. Avant
de s'asseoir dans son tout nouveau fauteuil de dirigeant, le
repreneur a passé un certain nombre de mois à négocier avec
le cédant. Pourtant, à peine la reprise effective, des facettes
insoupçonnées de la personnalité de ce dernier peuvent se
faire jour. Car le cédant, lui, tourne l'une des pages les plus
importantes de sa vie professionnelle et doit accepter de laisser
la place. C'est tout sauf évident.
Lors du dernier salon de la reprise d'entreprise, Transfair (1)
,
fin novembre à Paris, Pascal Ferron, vice-président du réseau
d'experts-comptables Walter France, et Stéphane Meunier,
conseiller pour la reprise et la transmission à la chambre de
commerce et d'industrie de Paris Île-de-France, ont expliqué
pourquoi le repreneur devait être particulièrement attentif
aux cent premiers jours après la reprise.
É. R.
(1) https://www.transfair.pro
DÉCOMPRESSEZ AVANT POUR ÊTRE
EN PLEINE FORME LE JOUR «J»
Le parcours de la reprise d'entreprise est semé d'embûches : trouver une entreprise,
négocier, perdre son temps avec des cédants pas vraiment décidés,
etc. Cela peut être usant. En revanche, juste avant la reprise, il ne se passe
plus grand-chose. C'est le moment de reprendre des forces, de se mettre au
vert. Le repreneur en profitera aussi pour préparer la famille, les amis, habitués
à le voir disponible : dès le premier jour, le rythme sera effréné !
VOUS N'ÊTES PAS UN
APPRENTI REPRENEUR
Le repreneur est le nouveau boss. C'est lui qui
prend les décisions, et tout de suite, pas dans
trois mois. Il s'est généralement beaucoup
endetté, parfois il ne connaît pas, ou peu, le
métier de l'entreprise qu'il reprend, il va donc
tenir compte, entre autres, des contraintes
engendrées par sa dette. Il est condamné à faire
mieux que le cédant. Mais attention à ne pas
heurter le prédécesseur, même pour des détails
qui semblent insignifiants. C'est délicat sur le plan
humain, tout est affaire de psychologie.
Si la plupart des cédants sont plus détendus après avoir signé,
certains deviennent néfastes. Il n'y a rien de pire qu'un cédant qui «savonne
la planche», même inconsciemment, auprès des clients ou de l'équipe, parce
que le repreneur le déçoit par rapport à l'idée qu'il s'en faisait !
Pascal Ferron (à g.), vice-président de Walter France, et
Stéphane Meunier, conseiller pour la reprise et la transmission
à la CCI de Paris Île-de-France, expliquent ce qui se joue durant
les fameux premiers jours après la reprise.
ASPIREZ LE SAVOIR DU CÉDANT
Dès le premier jour, le repreneur entre dans le vif du sujet tout en essayant
de ménager la chèvre et le chou. Il lui faut aussi tenter d'absorber les informations
que connaît le cédant et qui ne sont nulle part couchées sur le papier.
Cela exige une certaine rondeur de la part du repreneur. Pascal Ferron
conseille : «Si, au bout de quelques jours, le repreneur découvre des faits qui
justifieraient la mise en œuvre de la garantie de passif, mieux vaut y réfléchir
à deux fois, c'est sûr. Si le montant en jeu reste raisonnable, on a vu certains
repreneurs préférer y renoncer plutôt que de se mettre le cédant à dos !»
34 Arts&MétiersMAG
N°433 / février 2022
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