NEOMA Alumni Mag - N°17 - Décembre 2018 - 24

MAGAZINE
❱❱❱ À vingt-deux ans, celle qui se targue d'avoir plus

390

milliards d'euros
Le chiffre d'affaires
mondial du luxe
anticipé pour 2025.

Emmanuelle RigaudLacresse,
co-directrice du
Master of Science in
International Luxury
Management à
NEOMA Business
School

Franck Némarq
(PGE 04)

123RF/ Victor Zastolskiy

La marque de maroquinerie Moynat, rachetée par Bernard Arnault.

- 24 - NEOMA ALUMNI mag DÉCEMBRE 2018

Marine Pabiot
(Téma 14)

Leopoldo Celi
(BBA 10)

de vingt millions d'abonnés sur Instagram côtoie
désormais Natalie Portman, Charlize Theron et
Cara Delevingne au panthéon des égéries Dior. Le
rajeunissement de la clientèle du luxe a eu une
autre conséquence, quelque peu inattendue : le
développement du streetwear chic, qui propose
des tenues aussi décontractées que coûteuses.
Louis Vuitton a ainsi collaboré avec la marque
new-yorkaise Supreme sur une collection de vêtements et d'accessoires, avec par exemple un sweat
à 3 000 euros. Déconcertant ! « Pour continuer à
rayonner, les marques de luxe créent des partenariats susceptibles d'attirer les millenials », résume
Emmanuelle Rigaud-Lacresse, co-directrice du
Master of Science in International Luxury Management, un double diplôme créé il y a cinq ans par
NEOMA en partenariat avec le MIP Politecnico di
Milano en Italie. Comme les autres biens de
consommation, le luxe doit également répondre à
une envie croissante de personnalisation de la part
de ses clientes ou clients. Les grandes maisons
n'ont, dans un premier temps, pas jugé utile de
bousculer leurs traditions, mais elles s'y mettent
les unes après les autres. Il y a quelques années,
Hermès a ainsi donné la possibilité à ses adeptes
de personnaliser leur foulard de soie, le fameux
carré Hermès, produit mythique de la maison. Plus
récemment, dans les montres haut de gamme,
Cartier et Piaget ont lancé des modèles avec bracelets interchangeables. Les afficionados peuvent
ainsi adapter leur tenue au gré de leur humeur et
de leurs envies.
LA FORCE DE FRAPPE À LA FRANÇAISE
Pour l'instant les leaders du luxe sont parvenus à
s'adapter avec succès à ces nouvelles tendances,
et même à consolider leur position. À commencer
par les groupes français, qui continuent de dominer largement le marché : le géant LVMH, numéro
un mondial, mais aussi Chanel, Hermès ou encore
Kering et L'Oréal. Comment expliquer cette réussite tricolore, qu'on ne retrouve dans aucun autre
secteur ? D'abord par la capacité des entreprises
françaises à faire rêver le public. « Des marques
comme Hermès ou Chanel ont des identités fortes.
Elles parviennent à faire vibrer leurs clients et à les
surprendre tout en restant fidèles à leur ADN »,
décrit Emmanuelle Rigaud-Lacresse. Les groupes
français sont aussi très organisés et « chassent en
meute », observe Thibaut Fromageau. Avec plus de
soixante-dix marques, LVMH dispose ainsi d'un
grand pouvoir de négociation vis-à-vis des fournisseurs et des grands magasins. A contrario, le
groupe américain Michael Kors ne dispose que de
trois marques dans son portefeuille : Michael Kors,
Jimmy Choo et Versace depuis l'acquisition de l'entreprise italienne fin septembre. Autre clé du succès, les leaders français ont internalisé une majeure
partie de leur chaîne de valeur, de l'approvisionnement à la distribution. « Ils ont été pionniers dans

Table des matières de la publication NEOMA Alumni Mag - N°17 - Décembre 2018