NEOMA Alumni Mag - N°17 - Décembre 2018 - 37

LE CONSEIL COMME TROISIÈME CYCLE
D'ÉTUDE
Attirés par un beau salaire à l'embauche, les
consultants débutants se forment au sein d'une
équipe qui leur apprend les ficelles du métier. Soumis à un environnement varié et à une nécessité
de délivrer rapidement des solutions, ils sont
challengés en permanence, en interne comme en
externe. « Le staffing est un élément clef pour garder nos équipes, et par extension nos clients. Nous
faisons très attention à mettre la bonne personne
dans la bonne équipe, en prenant en compte les
attentes professionnelles et personnelles, explique
Charlotte Girardot (Cesem 03), Regional Staffing
Manager chez The Boston Consulting Group
(BCG) depuis huit ans, dans différents pays
(Londres, Rio et Oslo). C'est un exercice très
personnalisé : les staffeurs connaissent bien leurs
équipes. » De fait, les étudiants choisissent le
conseil comme une sorte de troisième cycle
d'études payé. Jean-Michel Huet confirme cet
apprentissage permanent : « En trois semaines, j'ai
plus appris en méthodologie que dans l'ensemble
de mes années professionnelles précédentes ; et
même après vingt ans de métier, j'apprends
encore. » C'est parfois même l'occasion de développer des nouvelles compétences : « Je n'avais
aucune connaissance en ressources humaines et
ce fut pourtant ma première mission. Comme cela
m'a passionnée, j'ai eu envie de développer cette
expertise », raconte Selma Chaabane (PGE 17),
consultante junior chez Accenture. Les jeunes

consultants restent le plus souvent pour rembourser leur prêt étudiant et pour se constituer un
réseau. En effet, en accumulant connaissances et
contacts, le consultant finit par avoir un bagage
suffisant pour faire basculer sa carrière en interne
chez un de ses clients. « En se déplaçant dans les
entreprises, les consultants acquièrent une
connaissance très précise des entreprises et de
leurs problématiques. Ils sont donc fortement sollicités par la suite », explique Nathalie Subtil, responsable du parcours conseil et audit à NEOMA
Business School. Sonia Nabigha Kadda (PGE 10),
consultante manager chez Accenture, met même
en garde contre un risque important : « Ce métier
peut être un bon tremplin comme une prison
dorée. À mon sens, il faut tout autant aimer cela
que savoir s'arrêter. » Jean-Michel Huet a une
vision assez différente : « Ce basculement peut être
très tentant, mais il faut faire attention aux contrecoups. En tant que consultant, je me suis créé un
réseau bien plus important que si j'étais resté en
interne chez un client. Par exemple, je discute
depuis dix ans avec des membres du comité

ors de ma première réunion
avec mon associé chez PwC Consulting, la première chose qu'il m'a dite, c'est : "Toi, dans deux
ans, tu n'es plus là." Je suis devenu blanc comme
un linge d'un coup (rires), s'amuse Jean-Michel
Huet (PGE 97), associé chez BearingPoint. En réalité, il voulait dire qu'avec le fort taux de turnover
de ce métier, les chances que je ne reste pas au
sein du cabinet étaient assez fortes. » Un consultant ou une consultante reste, en moyenne, quatre
à cinq ans dans un cabinet. Le taux de roulement
s'élève actuellement à environ 20-25 % par an. Le
consulting est un métier qui ne cesse d'embaucher, surtout dans cette période en forte croissance. C'est le deuxième secteur recruteur après
l'audit parmi les diplômés des Grandes Écoles.
« Depuis que j'ai commencé ce métier, ce taux est
stable et contribue aussi aux besoins de recrutement. Cette année chez BearingPoint, nous avons
recruté près de trois cents nouveaux consultants
et consultantes. La plupart des personnes que je
croise dans les couloirs, je ne les ai jamais vues de
ma vie ! (Rires.) », indique Jean-Michel Huet.

Un diplômé va démarrer comme consultant puis, après quelques
années, en fonction de ses résultats, il va devenir senior consultant.
Au bout de six à huit ans, on va lui proposer un poste de consultant
manager avec un encadrement d'une puis plusieurs équipes, et là il
pourra devenir senior manager. « C'est un métier calqué sur l'environnement scolaire, avec une progression hiérarchique par étapes
très encadrées, explique Charlotte Girardot. Tous les consultants
connaissent cette trajectoire. » À la fin, le consultant peut devenir
associé. « Il possède des actions dans la structure de son entreprise,
indique Jean-Michel Huet. Je contribue au développement du
cabinet, avec des rendez-vous commerciaux, par exemple. Le
delivery pur représente désormais seulement 30 % de mon temps. »
En termes de salaire, la valeur du diplôme reste extrêmement forte,
jusqu'au stade du manager. Elle disparaît après et les salaires ont
alors tendance à se rejoindre, quelle que soit l'école.

Jean-Michel Huet
(PGE 97)

«L

LA HIÉRARCHIE DU CONSULTING

Nathalie Subtil,
responsable du
parcours conseil et
audit à NEOMA
Business School

❱❱❱

En trois semaines, j'ai plus appris en
méthodologie que dans l'ensemble de mes années
professionnelles précédentes ; et même après
vingt ans de métier, j'apprends encore.
Jean-Michel Huet
NEOMA ALUMNI mag DÉCEMBRE 2018

- 37 -

Table des matières de la publication NEOMA Alumni Mag - N°17 - Décembre 2018