Radio World France - Février/Mars 2016 - 8

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KENYA
(Suite de la page 1)

communautaire FM Koch dans le centre de
Nairobi, la productrice senior fouille dans
certains fichiers.
« Voici un exemple », dit Shiko, « où
sommes-nous censés trouver l'argent pour
payer tous ces frais et pénalités ? ».

OÙ COMMENCER

Le document que Shiko (son nom de
radio) me montre est une mise en demeure
juridique réclamant plus de 3 millions de shillings kenyans (environ 30 000 US$) pour les
redevances de diffusion de musique de l'un
des nombreux organismes de droits d'auteur
émergents qui se sont positionnés comme
huissiers de collecte des droits pour les musiciens et artistes de théâtre.

Février/Mars 2016

énormes. KCOMNET, qui est géré par un
conseil de vétérans des médias, a été créé en
2002. Ses domaines d'intérêt englobent le
théâtre, les newsletters et les films, mais la
radio communautaire est son secteur phare,
et ses efforts se focalisent sur des stations
comme Koch FM.

RESTRICTIONS

Le coordinateur de l'ONG Njuki Githethwa
attire mon attention sur la loi de 2013, Kenya
Information and Communication Act, qui
régit les règles de radiodiffusion. « Regardez
les règles d'attribution de licences », dit-il,
« elles sont soumises à la disponibilité de
ressources en fréquences ».
Une des questions litigieuses de la loi du
KICA soulevée en 2014 par la Media Owners
Association of Kenya lors d'un procès en
attente, était la formulation apparemment

Doreen prend une pause lors de l'émission 'Wasanii Maskani' ('les artistes
du quartier') pour jeter un coup d'œil à ses messages téléphoniques.
Alors que la Music Copyright Society of
Kenya était le seul exécuteur juridique, les
contestations judiciaires, et une corporation
épineuse d'artistes ont fait émerger une multitude d'autres groupuscules, chacun envoyant
aux stations de radio des factures réclamant
les mêmes redevances avec une probabilité
mince que les versements atteignent les bons
destinataires.
Shiko ne semble pas surprise, ni même
déçue par le contenu du document. Elle donne
l'impression que la note restera dans le tiroir
pour l'instant.
Visiter la station enfoncée dans les quartiers
informels de l'Est de Nairobi est un voyage
au cœur de l'abandon municipal, jusqu'à ce
que vous atteigniez le conteneur d'expédition,
acoustiquement rembourré et transformé en un
studio de radio de deux pièces.
Tom Mboya, le directeur de la station, se
trouve à Arusha, en Tanzanie, pour la couverture des élections nationales. Shiko et ses
collègues, tous bénévoles, gardent la maison
avec un soupçon d'insouciance géniale. Le
personnel, qui compte environ 20 personnes y
compris les stagiaires, fait marcher la station
tous les jours de 6h00 à minuit avec un programme de nouvelles de la communauté, des
demandes téléphoniques interactives, des événements extérieurs live et des programmes
personnalisés pour la tranche des 15 à 35
ans qui représente quelque 100 000 auditeurs
dans la région.
Le Kenya Community Media Network
considère que les défis auxquels les radios
communautaires sont confrontées sont

SANS COMMENTAIRE

Tom Olwero de la Communications
Authority of Kenya s'est abstenu de tout
commentaire sur les questions de licences,
alléguant le prochain procès.
En 2004 et 2005, KCOMNET a aidé
Radio Mang'elete, déjà installée, à s'enregistrer officiellement comme la première radio
communautaire. En 2006, Koch FM, Ghetto
FM, Pamoja FM et Sauti Radio ont emboîté
le pas. Aujourd'hui, 16 stations sont enregistrées, ce qui est une goutte d'eau dans l'océan,
selon l'organisation.
Même la répartition géographique des stations enregistrées est rigide, avec une majorité
dans les villes et les zones urbaines, contrairement aux zones rurales où, ironiquement, leurs
services sont le plus nécessaires. L'organisation
affirme qu'elle tente d'aider ces stations par la
création de contenu local, du réseautage et par

Le présentateur Koch FM Mbulo interviewe l'organisateur d'événements Cyprien Ogode dans l'émission 'Janjaruka' ('Lève-toi').

dénaturée de l'attribution des fréquences. Le
procès devrait être examiné d'ici la fin de
l'année.
Ceci est une conséquence du principe
primordial du 'premier arrivé, premier servi',
qui, comme beaucoup le pensent, a fait de la
possibilité d'obtenir des fréquences dans les
centres commercialement viables une loterie
hasardeuse.
Toutes les fréquences sont tirées au sort,
sans aucune allocation spéciale pour les communautés ni pour les groupes défendant des
intérêts particuliers », déclare Githethwa.
Après l'achat, certaines de ces fréquences
sont stockées et revendues ouvertement par
des spéculateurs entreprenants.
« Avec de telles fréquences excédant maintenant le prix recommandé de 300 US$ pour
les stations thématiques, cet état de choses
génère le deuxième problème accablant les
radios communautaires », dit Githethwa.
« Elles entrent dans la clandestinité, ne se font
pas enregistrer par le gouvernement, même
pas auprès de nous ».
En effet, l'incitation à enregistrer une station de radio communautaire diminue davantage compte tenu de l'obligation de présenter
des plans commerciaux et techniques dans le
cadre de la loi, avec en plus les taxes fiscales.
Pour les stations en fonctionnement, les spots
publicitaires commerciaux sont interdits. Des
programmes sponsorisés sont autorisés, mais
leur contenu doit être centré sur la communauté. La portée du signal de transmission
radio ne doit pas excéder un rayon de cinq
kilomètres.

le rappel des principes officiels.
En tant qu'ONG, KCOMNET n'a pas
de pouvoirs exécutifs, et une grande partie
de ses efforts sont limités à des initiatives
consultatives. Avec des organisations comme
la Ford Foundation, l'UNESCO, les ONG
confessionnelles et les organismes gouvernementaux, elle organise des ateliers et des
séminaires pour inculquer aux présentateurs
« les valeurs du journalisme et les concepts
juridiques ».
Avec les changements technologiques
rapides dans l'industrie des communications,
la radio arrive loin derrière dans la concurrence. Comme souligne KCOMNET, créer
des flux de revenus pour les stations de radio
communautaires semble être un enjeu difficile avec peu de résultats tangibles.
« Les modèles de génération de revenus
ne sont pas fiables », affirme Githethwa, « le
programme de soutien est irréaliste ». Les
annonceurs institutionnels se tiennent à l'écart
des stations, les petites annonces publicitaires,
autorisées à l'antenne dans ces stations sont
occasionnelles. Il explique que sur les partenariats de programmation, même les donateurs
aidant les programmes de formation reviennent pour découvrir que l'animateur a été
débauché par des radios commerciales.

SOLUTIONS POSSIBLES

KCOMNET pense que l'État, ayant le
plus important budget d'annonceur, devrait
adopter pour principe politique de concentrer
environ 20 % de son budget publicitaire sur
les radios communautaires. « Une dépense



Radio World France - Février/Mars 2016

Table des matières de la publication Radio World France - Février/Mars 2016

A L’intérieur
Radio World France - Février/Mars 2016 - A L’intérieur
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Radio World France - Février/Mars 2016 - 4
Radio World France - Février/Mars 2016 - 5
Radio World France - Février/Mars 2016 - 6
Radio World France - Février/Mars 2016 - 7
Radio World France - Février/Mars 2016 - 8
Radio World France - Février/Mars 2016 - 9
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Radio World France - Février/Mars 2016 - 12
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Radio World France - Février/Mars 2016 - 15
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