Arts&MétiersMag - N°433 - Février 2022 - 32

DOSSIER REPRISE D'ENTREPRISE
Reprendre,
telle est la question
Loin d'être une promenade de santé, la reprise d'entreprise répond à de nombreuses règles
et autant de décryptages que le repreneur devra réaliser pour appréhender au mieux le rachat
de la société ciblée.
L
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N°433 / février 2022
«LE VIEILLISSEMENT DES DIRIGEANTS DE PME ET
D'ETI N'A CESSÉ DE S'ACCENTUER AU COURS DES
QUINZE DERNIÈRES ANNÉES, indique BPI France dans
son dernier rapport sur les PME. La part des dirigeants de
60 ans et plus est passée de 15 % en 2005 à 25 % en 2020.
En particulier, la proportion de PME et d'ETI dont le dirigeant
est âgé de 66 ans et plus a doublé sur la même période,
passant de 5,5 % à 11,3 %.» Pourtant, le vieillissement de la
population n'a pas abouti à une vague de cessions : c'est le
paradoxe apparent mis en exergue par la première étude de
BPCE l'Observatoire en 2011. «Ce paradoxe peut être illustré
par la formule " intention n'est pas cession " . En effet, le
croisement des données des cessions conclues, c'est-à-dire
les cessions effectives, avec celles des enquêtes auprès des
dirigeants aspirant à vendre, révèle que, si elles sont naturellement
plus fréquentes chez les dirigeants plus âgés, les
intentions ne sont que très partiellement transformées en
cession.» Comme en témoigne Patrick Joyeuse (Ch. 163),
membre du Clenam (1)
, qui accompagne les candidats repreneurs
au sein de la Soce : «Il y a beaucoup plus de demandes
pour reprendre une affaire que d'offres de cédant. C'est un
marché complexe qui exige de la part du futur repreneur
une certaine dose d'opiniâtreté et des méthodes rigoureuses.»
SE CONNAÎTRE POUR TROUVER
CHAUSSURE À SON PIED
«Au Clenam, poursuit Patrick Joyeuse, nous proposons à
chaque repreneur de l'accompagner tout au long du projet.
Cela peut durer de neuf mois à plusieurs années. Nous
sommes tous d'anciens dirigeants de PME. Nos expériences
et notre engagement nous permettent d'être réellement
présents à toutes les étapes.» Dans un premier temps, et ce
n'est pas la phase la plus simple, il s'agit de vérifier avec lui
ses motivations (2)
. «Même s'il est délicat de vouloir enfermer
dans un portrait-robot la typologie du repreneur qui réussira,
il existe des indicateurs dont on doit tenir compte.»
Ainsi, un repreneur qui se destine à devenir patron sans
l'avoir été dans sa vie antérieure doit réunir quelques qualités
: une grande volonté, du courage, une aisance naturelle
avec tous ses interlocuteurs, un bon équilibre entre son
intuition et sa raison... Ainsi qu'une grande souplesse parce
que rien ne se passe jamais ni parfaitement ni comme on le
voudrait durant les négociations d'acquisition ! Certains
candidats repreneurs passent sous les fourches caudines :
«Au Clenam, avoue Patrick Joyeuse, il nous arrive de dire à
un aspirant que l'aventure entrepreneuriale n'est pas faite
pour lui. Ce ne sont des moments agréables pour personne,
mais l'honnêteté est parfois utile pour éviter la casse humaine,
sociale et économique ultérieure.»
LE CIBLAGE ET LES HEURES DE RECHERCHE
Pour ceux qui réussissent l'épreuve, commence le travail de
ciblage. Ce n'est pas de tout repos. Cette étape fastidieuse
comprend des audits (sociaux, juridiques, comptables et
organisationnels, voire techniques), des négociations répétées
(lettre d'intention, protocole, clôture de la vente), la
mise en œuvre des garanties d'actif et de passif ou, encore,
le bouclage du financement. «Le repreneur, insiste Patrick
PHOTO É. ROUBERT / AMM

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