NEOMA Alumni Mag - N°17 - Décembre 2018 - 61

CLUBS NEOMA AU FÉMININ ET SPORT ET BUSINESS

LA FEMME EST-ELLE L'AVENIR
DU SPORT ?
AUJOURD'HUI POUR LES FEMMES, IL EN VA DU SPORT COMME DE L'ENTREPRISE : LE
CHEMIN POUR ATTEINDRE LA PARITÉ SEMBLE ENCORE LONG. CAR TOUTE L'HISTOIRE DU
SPORT S'EST CONSTRUITE PAR ET POUR LES HOMMES. C'ÉTAIT LE SUJET DE LA
CONFÉRENCE COORGANISÉE PAR LES CLUBS NEOMA AU FÉMININ ET SPORT ET BUSINESS.

poussée, les sources de financement
manquent pour le sport féminin. Jérôme
Papin, directeur délégué chez Eurosport,
explique que lorsque l'audience suit, les
investissements aussi et par ricochet, les
salaires. Encore faut-il accepter de
prendre des risques (qu'il qualifie plus
volontiers « d'initiatives »).
Depuis peu, les choses évoluent : le temps
d'antenne du sport féminin à la télévision
a progressé, passant de 7 % en 2012 à
environ 20 % en 2016. D'autant qu'il s'agit
d'un investissement d'avenir. Un rapport
du Conseil supérieur de l'audiovisuel
révèle que la Coupe du Monde féminine
de football « s'est révélée directement
rentable » en 2015, alors que « les compétitions masculines sont difficilement ren-

tables. » L'ancien patron de TF1, Nonce
Paolini, résumait assez bien cette situation : « Le seul soir où TF1 gagne de
l'argent avec l'équipe de France, c'est
quand M6 diffuse. » Il parlait de foot masculin bien sûr. On pourrait conclure avec
Lorraine Danet, la fondatrice du magazine Women Sports, affirmant que le
sport au féminin n'est plus un combat
mais un débat, car il y a eu une vraie évolution depuis 2012 (où l'obligation a été
donnée par le ministère des Sports de
décliner des plans de féminisation dans
les fédérations). Un débat qu'il faut alimenter car, dit-elle, « la vraie victoire, ce
sera le jour où l'on n'aura plus besoin de
ce genre de conférences et où [son]
magazine n'aura plus besoin d'exister. » ❚
Vincent Mussard (PGE 99)

123 RF/ ammentorp

Le passage à la postérité permet souvent
de gommer certains côtés plus obscurs
de personnages devenus historiques.
Ainsi, Pierre de Coubertin, célébré comme
l'inventeur de l'Olympisme moderne,
eut-il cette phrase en 1912 : « Les Jeux
Olympiques devraient être réservés aux
hommes, leur rôle [aux femmes] avant
tout devrait être de couronner les vainqueurs. » Cette phrase s'inscrivait dans la
misogynie d'une époque. Plus d'un siècle
plus tard, on n'en est plus là : les femmes
sont représentées dans la plupart des
sports, que ce soit en tant que pratiquantes ou dans les instances d'encadrement et jusque dans les plus hautes
sphères de l'État. Peut-on pour autant
parler d'équité dans le traitement du
sport féminin en 2018 ? Marie-Françoise
Potereau, vice-présidente de la Fédération française de Cyclisme et par ailleurs
présidente de Femix'Sports, une association qui défend la mixité et l'équité dans
le sport, répond sans détour : « Le sport
n'est pas en dehors de la société mais
bien à son image. Il n'y a qu'une femme à
la tête d'une fédération olympique de
sport, tout comme il n'y a aussi qu'une
femme à la tête d'une entreprise du
CAC 40. » Sur la question de l'égalité des
salaires aussi, on est loin du compte. Mis
à part quelques sports exemplaires
comme l'athlétisme ou le tennis, les écarts
entre pratiquantes et pratiquants sont
dans l'ensemble abyssaux. L'exemple le
plus emblématique est le football, où un
joueur en Ligue 1 touche en moyenne
50 000 euros par mois, contre 3 000
euros pour une joueuse. Pas étonnant dès
lors qu'on ne trouve aucune femme dans
le top 50 des salaires du sport publié par
le journal L'Équipe en février 2018. Faute
de sponsors et de médiatisation très

Contacts : neoma-au-feminin@neoma-alumni.com et club-sport@neoma-alumni.com

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